2017

Evaluation participative des projets exploratoires de résidences d’artistes à l’école

Commanditaires : Observatoire des Politiques Culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Chercheurs-intervenants associés : Charlotte Maisin, Raphaël Darquenne
Partenaires : Réseau MAG
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Les arts et la culture ont fondé notre démocratie. C’est à travers les espaces publics consacrés aux arts et principalement au théâtre, que l’agitation sociale, le débat et la démocratie ont émergé. La prise de parole des peuples a permis à l’opinion publique de s’émanciper, de s’exprimer et de se poser des questions centrales telles que « Qui sommes-nous ? Quel monde veut-on ? ». Les arts et la culture donnent la possibilité aux citoyens de rêver le monde, de l’imaginer, de discuter de ce rêve et de ses interprétations.
Pour éviter que la culture ne soit réservée à un club de citoyens les plus dotés socio-économiquement et culturellement et l’enfermer dans une bulle d’excellence accessible à une petite poignée de personnes, il apparait fondamental de permettre à tous les citoyens de s’emparer de la culture, de se l’approprier. Pour cela, il est nécessaire d’initier les citoyens, de les mettre en situation d’agir, d’être acteurs de la culture et des arts dès le plus jeune âge à travers une éducation culturelle et artistique diversifiée, plurielle, multi-champs.

Face à cette nécessité de créer davantage d’articulations entre le monde de l’enseignement et celui de la culture, la Déclaration de politique communautaire (2014-2019) a fait de l’éducation culturelle et artistique une priorité. Elle considère que « l’éducation culturelle et artistique s’apprend en premier lieu à l’école. Lieu de découverte et d’apprentissage par excellence, l’école est le vecteur idéal pour donner à connaître une discipline, faire découvrir le travail d’un artiste, assister à un panel de représentations artistiques, mais aussi favoriser le développement de sa propre créativité. Il faut multiplier, tout au long du parcours scolaire, les moments de rencontre avec l’art où l’enfant puis l’adolescent se frottent à la création et à la diffusion des oeuvres. Ces rencontres ne peuvent en aucun cas s’interrompre à l’issue du parcours scolaire. L’accessibilité de tous à la culture doit demeurer un leitmotiv de nos politiques culturelles. ».

Le Parcours d’éducation culturelle et artistique (PECA) est à la croisée des chemins de deux dispositifs d’ampleur que sont BOUGER LES LiGNES (culture) et le Pacte pour un enseignement d’excellence (enseignement). C’est au coeur de ces programmes que s’est élaboré, au fil des discussions au sein des différentes coupoles et groupes de travail, le PECA. L’objectif du PECA consiste à repenser le lien entre la culture et l’école, il est conçu comme un parcours d’éducation « à » et « par » la culture et les arts et il s’adresse à tous les élèves du maternel à la fin du secondaire. Il travaille dans la durée et se concentre sur trois champs que sont les connaissances (savoirs formels, histoire de l’art, etc.), les pratiques individuelles et collectives dans les différentes disciplines artistiques ainsi la rencontre avec des artistes et des oeuvres.

En 2016-2017, vingt projets exploratoires de résidences d’artistes à l’école ont eu lieu dans différentes écoles de la FW-B. Ces projets de résidences d’artistes dans les écoles sont pensés comme des « laboratoires destinés à donner corps au PECA des élèves en FW-B et à concevoir des instruments de
mesure pertinents pour en évaluer les retombées ». Le programme « Spectacle à l’école » ouvre également, depuis plusieurs années, des possibilités de rencontre entre l’école et la culture. Cette évaluation des projets réalisés et de leur impact sur leurs publics est prévue par la Déclaration de politique communautaire et gagne à être réalisée de manière à ce que les résultats de cette évaluation soient appréhendables tant par le politique que par les acteurs concernés.

L’objectif du projet consiste à évaluer de manière participative et prospective les projets exploratoires de résidences d’artistes à l’école » et du programme « Spectacle à l’école » dans le but de rendre compte de l’impact de ces projets sur les publics (élèves, enseignants, artistes). Cette évaluation proposera des balises et des recommandations qui aideront à concevoir, de manière concrète, et de mettre en oeuvre le PECA.

Les objectifs de cette co-évaluation sont les suivants :

  • Evaluer l’impact des dispositifs en fonction des résultats obtenus versus les résultats attendus sur les publics (les élèves, les enseignants, les artistes)
  • Permettre l’émergence et la co-construction d’une analyse-évaluation partagée ;
  • Co-construire une analyse des tensions et enjeux liés aux expériences vécues, particulièrement au sein du réseau interne de l’école (équipe éducative) et au sein du réseau externe de l’école
    (avec les professionnels de la culture, artistes, académies, etc.) ;
  • Evaluer la qualité des projets au regard de l’impact sur les élèves (et les enseignants) observé à différents niveaux : 1) la relation entre les élèves et l’artiste ; 2) l’initiation des élèves à un univers artistique et aux apprentissages qui y sont liés ; 3) le développement de compétences globales de l’élève (telles que la créativité, l’expressivité, la curiosité, etc.) ; 4) le raccord et le débat sur des thématiques extérieures à l’école et d’ordre citoyennes ;
  • Evaluer les freins, manques, facteurs d’échec et les adjuvants, forces, facteurs de succès dans les expériences vécues au niveau de la transférabilité de l’apprentissage artistique aux autres matières ;
  • Evaluer la qualité de la collaboration entre les acteurs et particulièrement la complémentarité entre les artistes et les enseignants (la complémentarité se comprend comme une action menée en commun par des partenaires qui ont des objectifs spécifiques propres mais un objectif général commun) et la coordination entre les acteurs impliqués dans les projets (la coordination implique des synergies ordonnées et convergentes entre acteurs pour atteindre un objectif spécifique commun) ;
  • Faire des recommandations pour améliorer la mise en oeuvre des projets culture/école et faciliter la conception et la mise en oeuvre du futur PECA ;
  • Faire émerger des socles et cadres de travail partagés entre les différents secteurs et au sein des secteurs ;
  • Contribuer à la construction et à l’implémentation de modalités de mise en oeuvre de projets culture/école.

L’analyse repose sur trois hypothèses :

Hypothèse 1 : la pédagogie spécifique utilisée dans les projets de résidences d’artistes à l’école permet d’observer des impacts sur les publics à différents niveaux

Hypothèse 2 : la collaboration (complémentarité et coordination) entre professionnels issus de mondes différents permettent de réinventer et d‘enrichir les pratiques professionnelles des uns et des autres

Hypothèse 3 : Envisager la culture et l’art comme une matière transversale à l’ensemble des disciplines scolaires participe à restaurer du sens aux apprentissages