2021

Les politiques du logement en Belgique : Repenser le droit au logement pour les personnes en situation de pauvreté

Commanditaires : CriDIS (UCL)
Chercheurs-intervenants associés : Raphaël Darquenne, Matthias Rosenzweig
Partenaires : CriDIS (UCL)

« La politique du logement en Belgique s’est davantage appuyée sur l’aide à l’accession à la propriété que sur la construction de logements sociaux. Encore aujourd’hui, la part du logement social reste faible, à hauteur de 6.5% de l’ensemble du parc immobilier locatif (OCDE 2015). Or, la demande de logement social reste supérieure à l’offre. En 2016, le nombre de ménages en attente d’un logement social était en Belgique de 215 794, pour un total de 280 687 logements loués, la Wallonie étant la seule Région en excédents de logements. Le marché locatif privé est quant à lui parfois difficile d’accès, les logements accessibles aux plus démunis étant de mauvaise qualité, ou peu adaptés à leurs besoins. Parallèlement, l’accès à la propriété reste difficile pour les personnes vivant en situation de pauvreté et ce malgré les aides existantes.
Le droit au logement est reconnu en Belgique par la ratification du Pacte international des Nations Unies relatifs aux droits économiques, sociaux et culturels (1966), de la Charte sociale européenne (1961) et de la Charte sociale révisée (1996) adoptées dans le cadre du Conseil de l’Europe, et de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (2000). Le Pacte des Nations Unies et la Charte sociale révisée garantissent tous deux le droit à un logement suffisant. La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne reconnaît quant à elle le droit « à une aide sociale et à une aide au logement destinées à assurer une existence digne à tous ceux qui ne disposent pas de ressources suffisantes ». Le droit au logement a également fait son entrée dans la constitution belge à la suite de la 4e réforme de l’Etat (1993-1994) avec dans le cadre du droit de chacun « de mener une vie conforme à la dignité humaine » (art. 23). Plus récemment, les Régions ont adopté des codes du logement qui reprennent des dispositions de droit au logement. Pour exemple, le Code bruxellois du logement contient la disposition suivante :


« Chacun a droit à un logement décent. Il convient à cette fin de favoriser la mise à disposition d’un logement conforme aux règles de qualité (sécurité, salubrité et équipement), abordable financièrement, procurant une sécurité d’occupation, adapté au handicap, jouissant d’un climat intérieur sain, pourvu d’une bonne performance énergétique, connecté à des équipements collectifs et autres services d’intérêt général (notamment, écoles, crèches, centres culturels, commerces et loisirs). Il appartient aux pouvoirs publics, entre autres, de créer les conditions nécessaires à la réalisation de ce droit fondamental. »


Reste que la reconnaissance formelle de ces droits ne suffit pas à assurer leur réalisation dans les faits. Nous connaissons actuellement une crise du logement abordable, particulièrement en Région de Bruxelles-Capitale. C’est-à-dire qu’il existe une pénurie de logements de qualité accessibles pour les personnes à bas revenu. Les personnes en situation de pauvreté rencontrent également d’autres problèmes dont les principaux sont les situations de d’insalubrité, la suroccupation des logements, la précarité énergétique, et la surévaluation du prix du loyer. De plus, le loyer peut atteindre une part importante du revenu global des ménages, ce qui limite leur capacité de consommation dans d’autres domaines tel que la santé, l’alimentation, les loisirs et les vacances.


Face à cela, les CPAS s’organisent progressivement dans la mise en place d’un accompagnement spécifique au logement. Cet accompagnement peut avoir plusieurs objectifs : assister les personnes dans leur recherche de logement (privé et public), faire de la médiation entre propriétaires et locataires, apporter un soutien administratif, informer sur la législation, attribuer une aide financière, ou bien encore permettre l’accès à des hébergements d’urgences. Le secteur non-marchand s’implique également dans l’accompagnement au logement des personnes en situation de pauvreté. Outre les services sociaux généraux qui peuvent accompagner leur public sur des questions de logement, il existe des ASBL spécialisées dans ce type d’accompagnement. C’est le cas, par exemple, des Association de Promotion au Logement (APL) en Région wallonne.

Des mesures spécifiques ont également été mise en place dans chaque Régions en raison de la crise sanitaire dû à l’épidémie de Covid-19 tel que l’extension du moratoire sur les expulsions durant la période de confinement ainsi qu’une aide au paiement du loyer pour les ménages menacés d’expulsion.


Malgré ces structures d’accompagnement et les aides de logement existantes, les difficultés d’accès à un logement digne, décent et abordable pour les personnes en situation de pauvreté reste un enjeu majeur en Belgique. »


Questions à explorer :

  • Que signifie pour vous le concept de droit au logement ?
  • Quelle place occupe l’objectif de garantie d’accès à ce droit dans votre action ?
  • Quels sont les facteurs qui selon vous facilitent ou au contraire entravent l’accès au droit au logement des personnes en situation de pauvreté ?
  • Quels usages pouvez-vous faire du droit, au sens cette fois de l’ensemble des règles juridiques, dans vos pratiques ?
  • Quels usages pouvez-vous faire du droit, au sens cette fois de l’ensemble des règles juridiques, dans vos pratiques ?
  • Est-ce un élément qui facilite et clarifie vos objectifs ou plutôt une contrainte qui la complique ?